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lundi, juillet 27 2009

Pourquoi je ne suis pas favorable à l'A65 !

La tempête Klaus ayant quitté notre département, c'est la valse des engins de construction qui a pris le relais pour dévaster l'Est des Landes encore "sauvage", au motif de construire un nouvel équipement autoroutier à même de (dixit la société concessionnaire) :

  • Relier Pau à sa capitale en désenclavant la région de Mont de Marsan,
  • Permettre un gain de temps et du développement économique,
  • Apporter sécurité, fluidité, confort.

Le Grenelle de l'Environnement n'a posé aucun frein à tout cette gabegie d'énergie et d'argent public pour encore un autre équipement autoroutier en France (pays disposant déjà du plus gros réseau d'Europe !).

carte routière européenne

source : IENE

  • Désenclavement

Voilà un mot qui rencontre un fort succès depuis je ne sais combien d'années.

Si je peux me permettre une opinion personnelle, je vous parie un sac de carambars que ce sera dans quelques années un mot ringard qui symbolisera une politique de l'aménagement qu'on jugera absurde dans un futur proche !

Pourquoi absurde ?

D'abord éthymologiquement, il s'agirait moins de désenclaver Mont-de-Marsan que de l'enclaver dans un réseau autoroutier nouveau. Puisque enclaver c'est engager une chose dans une autre.

Mais non, on emploie désenclaver comme si la ville était prise dans la roche, prisonnière d'une nature hostile. Il y a dans notre utilisation de ce mot une évocation du mythe d'Andromède, attachée nue à un rocher sur la côte, et livrée à un monstre marin envoyée par Poséidon.

Heureusement, tel Persée le sauveur, l'autoroute A65 arrive, braves gens !

Construire un nouveau réseau autoroutier alors que l'on ne cesse de nous alarmer sur l'accélération du réchauffement climatique, qu'on nous parle de transport propre et de développement durable... est-ce bien raisonnable ?

L'autoroute A65, c'est en effet :

  • plus de 950.000 tonnes de CO2 larguées dans l'atmosphère à la construction et au minimum 125.000 tonnes/an à l'exploitation !
  • 150 km de bitume sur 2000 ha de milieux naturels créant un nouveau mitage d'une zone jusqu'alors peu atteinte par ce phénomène,
  • 4 millions de tonnes de granulats obligeant la création de toutes nouvelles gravières,
  • un investissement public de 1,2 Md € soit l'équivalent de la rénovation thermique à 50 kWh/m²/an de près de 100 000 logements.

Enfin, n'oublions pas qu'en facilitant la mobilité automobile sur deux sens, on rend difficile tous les autres flux sur toutes les directions. C'est la loi de l'acquis et de la perte : qui relie Pau à Bordeaux par une autoroute crée un obstacle à toutes les autres formes de vie de  part et d'autre de cet aménagement.

La route est un obstacle

source : Wildlife and traffic in Sweden

Bien sûr, tout le monde ou presque, se fout que la route éparpille les espaces naturels et même que l'on grignote toujours plus de terres à forts potentiels agricoles, pourvu que l'on gagne 1/3 de temps sur le trajet actuel. Le temps est pseudonyme de la vie, de notre vie.

Une Twingo part de Bordeaux à midi et roule à 90km/h sur l'autoroute Bordeaux-Pau. Une Golf GTI 16 soupapes fait le même trajet en partant à 13h de Bordeaux et roulant à 130km/h. On note d la distance parcourue par une voiture et t le temps écoulé depuis midi si bien que d=90t pour la Twingo et d=130(t-1) pour la Golf.
a) Représenter graphiquement les deux fonctions affines.
b) Qui a fait meilleur voyage ? Qui a regardé le paysage ?
c) Qui a le plus vieilli ?

  • Développement économique

Il est vraiment simpliste de croire qu'une autoroute enrichit les zones traversées.

Comptez avec moi le nombre de villages fantômes desservis par des échangeurs surchargés, on y a le bruit mais nulle retombées économiques (le boulanger a plié bagages, le restaurateur n'accueille plus que des routiers fatigués).

Parfois même on y fait passer sans honte des infrastructures innovantes sans laisser une possibilité de s'y connecter (fibres optiques dans la Haute Lande).

D'ailleurs, même chez les maîtres d'ouvrage, on a été averti qu'il n'y avait nulle illusion à se faire, comme le montre le rapport d'une étude "Impact socioéconomique de la future A65 en Béarn" menée pour la CCI de Pau :

« ... la création d’une autoroute n’est plus un atout spécifique : la plupart des territoires sont desservis, le transport routier n’est plus considéré comme un moyen de communication d’avenir et les coûts des transports par voies autoroutières sont dissuasifs (carburant et péage). ... A contrario,... le manque d’une liaison Nord Sud efficace dans la région et son manque de cohésion ont permis jusque là l’émergence de pôles relativement autonomes contrairement à d’autres région. »

Si Pau a pu développer sa propre université en liaison avec des activités innovantes (Turbomeca, IFP, etc.), c'est en partie grâce à l'absence de liaison avec Bordeaux qui sinon aurait sans doute jouer le rôle d'aspirateurs d'activités économiques.

  • Fluidité

Oui bien sûr, fluidifier c'est bien !

Mais fluidifier quoi ?

A65 et traffic routier

source : Observatoire des territoires

Si le traffic est important entre Mont-de-Marsan et Auch, il est faible en direction de Pau. D'expérience, je confirme...

L'état le reconnaît d'ailleurs lui-même pour le premier tronçon :

« Le trafic de la RN 524, extrêmement faible et ne comportant que très peu de poids lourds, ne représente pas un enjeu de sécurité routière pour la traversée de Captieux. » (source : Dossier des engagements de l'Etat page 14, en ligne sur le site de l'A65)

Enfin un petit agacement à propos du site de la société concessionnaire : quand vous parlez d'insertion paysagère ou environnementale, cessez de nous montrer de jolis coins de nature, montrez-nous réellement ce qu'est une autoroute insérée ;)

samedi, mars 14 2009

Pour des villes petites et denses

Un précédent billet m'a tout doucement amené aux avantages des villes petites et denses.

Une ville compacte et de taille humaine est en effet moins dévoreuse d'énergie, de ressources matérielles, énergétiques et humaines.

La petite (moyenne ?!) ville dense pourrait nous permettre d'être plus apte à nous adapter à ces temps de crises énergétiques, environnementales et économiques :

  • en permettant aux flux et réseaux de se maintenir le plus longtemps possible en cas de tempête, canicule, période glaciale,... tous ces phénomènes qui risquent de s'avérer plus fréquents avec le réchauffement climatique,
  • en minimisant les pertes de distribution de tous les flux (eau, gaz, électricité, etc.) et donc en minimisant notre impact environnemental et le montant de nos factures. 
  • en évitant de devoir disposer de réseaux dimensionnés pour 85 000 habitants quand on n'en dispose que de 30 000 (sic !),
  • en diminuant les déplacements et les pollutions associées,
  • en ouvrant la voie à de nouvelles technologies (réseau de chaleur, fibre optique, etc.) ou en augmentant les capacités des réseaux (plus de bande passante pour Internet, plus de qualité sur tous les réseaux,...)
  • etc.

Sur le seul point des déplacements, la relation entre densité urbaine et coûts de la mobilité sur la communauté plaide largement en faveur de la ville dense :

Villes Densité
(hab/ha)
% marche + cyclisme + transports en commun Coût du trajet
(% PIB)
Énergie
(MJ/hab)
Houston 9 5% 14,1% 86000
Sydney 19 25% 11,0% 30000
Londres 59 51% 7,7% 14500
Paris 48 56% 6,7% 15500
Munich 56 60% 5,8% 17500
Tokyo 86 68% 5,0% 11500
Hong-Kong 320 82% 5,0% 6500

densité et coûts

Bien évidemment, faute de statistiques pour des villes de taille plus modeste, les chiffres ici ont une valeur d'exemple et s'appliquent sans nul doute à des zones plus caractéristiques des villes moyennes européennes.

Le souci en France ne se situe pas tant au niveau de la faible densité de l'urbnisation mais plutôt au fait que cette densité tend à diminuer, à se diluer. Les constructions nouvelles provoquent toutes un effondrement de la densité en s'installant dans d'anciennes zones rurales devenues rurbaines. Le phénomène qui est à craindre dans nos régions est la poursuite du mitage urbain !

Regardez comme en  moins de 20 ans, Paris est venu manger ses campagnes :

Le phénomène est insidieux et l'on ne voit guère la pieuvre s'étendre. Quand l'animation se rembobine,  vous comme moi, avez dû être choqué de n'avoir rien vu venir.

Quand sur un lac, une colonie de nénuphars double son étendue en 24h alors il ne faudra pas plus d'un jour pour passer de la moitié du plan d'eau à sa totalité !

Nous voilà donc d'accord pour dire que le phénomène est grave d'autant plus que le coût sur notre PIB est important. Et en ces temps de recul du PIB, qui osera dire que 5 à 10 % du PIB ce n'est rien ?!

Parlons maintenant solutions. Loin de moi toute prétention d'apporter une réponse universelle aux problèmes de l'urbanisation galopante et du mitage urbain qui en découle, je souhaiterais simplement vous exposer quelques pistes qui ailleurs font la preuve d'un minimum d'efficacité.


ville dense
à suivre...

jeudi, septembre 25 2008

Mitage urbain

Densité de l'urbanisation

Je vous en parlais, il y a maintenant deux ans, en m'appuyant sur de belles cartes de l'Observatoire des territoires : la ville ne cesse de s'étaler et d'empiéter sur les espaces naturels et les terres agricoles.

Ce qui, jadis, était un trait d'humour dans la bouche d'Alphonse Allais, est devenu une habitude : "On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur"... et les terres bon marché !

La solution passe par la maîtrise de la densité de l'urbanisation. Je suis partisan de la mise en place d'un indicateur d'utilité de l'urbanisation.

Un coefficient à même d'informer de l'efficience de l'urbanisation.

Je crois que les collectivités doivent imposer cela aux maitres d'œuvre, avec toute la subjectivité que cela implique !

occupation des sols en france
Un bel exemple de mitage de l'espace naturel aux USA !


mercredi, janvier 9 2008

Meilleurs voeux 2008 !

Nous voilà en 2008 et je nous vous ai pas encore souhaité mes meilleurs vœux ! Et bien, nous y voilà, je vous souhaite une bonne année 2008 !

Souhaitons ensemble que cette année soit aussi durable et efficace en énergie que possible.
Espérons que cette nouvelle année sonne le glas aux beaux discours et nous amène dans l'action.

Faisons le vœu comme Jean-Marc Jancovici que cesse la pauvreté de réflexion qui nous laisse encore penser que les biens et services de l'environnement sont des emprunts à taux zéro !


jancoviciMitage des territoires : Le point de vue de l’expert
« Urgent de se désintoxiquer de la voiture »
publié sur Sud-Ouest Blogs

Jean-Marc Jancovici est l’inventeur du bilan carbone, et l’auteur avec Alain Grandjean d’un livre sur la dépendance énergétique, « Le plein s’il vous plaît » (Seuil), qui plaide pour une taxe carbone.
Pour cet expert climatique indépendant, il y a urgence à se désintoxiquer de la voiture, faute de payer très cher la facture : « Si le développement urbain a pris cette tournure, c’est parce que l’énergie vaut de moins en moins cher ! Alors qu’autrefois seul le roi pouvait se permettre d’entretenir 50 chevaux pour ses déplacements, nous les avons maintenant sous le capot pour 15 % de notre revenu. En réalité, notre pouvoir d’achat a considérablement augmenté, parce que ce sont les machines qui travaillent pour nous. De plus, nos activités économiques puisent dans le substrat naturel, mais ce dernier ne figure dans aucune comptabilité d’entreprise. On considère que la nature, c’est gratuit : aucune trace de la photosynthèse dans les comptes de Danone ! Et l’atmosphère ne se fait pas payer pour accepter nos émissions de CO2? »
« L’un des effets boomerang sera le dérèglement climatique. C’est encore parce que l’énergie ne vaut rien que l’on peut aller s’installer sur le littoral, construire sa maison, et s’y rendre régulièrement. Malheureusement, l’ère du pétrole quasi gratuit va s’arrêter d’ici cinq à quinze ans. Ceux qui seront alors dépendants de l’énergie vont payer très cher ce mode de vie, non par volonté politique mais à cause de la physique.
L’idée de la taxe carbone - qu’il faudrait appeler « assurance carbone » - est de permettre une désintoxication progressive, un changement des comportements avant qu’il ne soit trop tard. Un choc pétrolier massif - difficile à éviter tant que nous sommes fortement dépendants - entraînerait une déstabilisation socio-économique massive. Beaucoup devront alors quitter leur travail trop éloigné, ou bien déménager, et les finances publiques ne permettront pas de les aider. Il faut donc relocaliser l’économie, faire des villes denses mais petites et nombreuses, et l’espace (la campagne) signifiera une économie plus autarcique. Le monde politique, de l’élu local à l’Élysée, reste très peu conscient de la rapidité de l’échéance.
Ceux qui décident de la réalisation de l’autoroute Langon-Pau se font des illusions sur ce qui va se passer.
Non seulement ce type de projet jette l’argent par les fenêtres, mais il nous entraîne vers de grandes déceptions ! La pauvreté de la réflexion prospective sur le sujet est dramatique. »

Jean-Marc Jancovici sera présent le 10 janvier à 20 h 30, à l’Athénée municipal de Bordeaux pour une conférence !

mardi, octobre 24 2006

La parcellisation ou le mitage des espaces naturels

L'histoire des banlieues qui dévorent les campagnes.
Il est difficile d'ignorer que partout en France (ou presque) les villes s'agrandissent et ce en suivant une courbe exponentielle. Comme l'explique Jean-Marc Jancovici, spécialiste des changement climatiques, les villes s'accroissent par leur périphérie à un rythme tel qu'il nous reste sans doute moins d'un siècle avant que l'espace foncier ne se réduisent à peau de chagrin.
C'est là une première facette du problème, nous urbanisons notre environnement à une vitesse vertigineuse. La part des sols artificialisés ne cessent d'augmenter !

Quand je vois les jolies cartes de l'Observatoire des territoires, je ne peux m'empêcher de penser au jeu de la vie de J. Conway. L'analogie entre ce jeu et l'évolution des populations de bactérie lui a valu ce nom si ... étonnant. Mais à bien à y regarder, ce jeu traduit de façon schématique - mais pas complètement fausse - beaucoup d'autres phénomènes de croissance par la périphérie, par exemple la croissance urbaine. Essayez-vous à ce jeu et découvrez avec stupeur comment des populations à la démographie explosive peuvent en quelques tours se voir réduire à presque rien ! Comme quoi, la roue peut tourner :s
Seulement, je vois une deuxième facette à ce problème d'artificialisation du territoire, que mes faibles connaissances en biologie ne me permettent pas d'analyser en profondeur.
Notre territoire ne fait en effet pas simplement que s'urbaniser, l'artificialisation se fait par parcelles, faisant se côtoyer de très près espaces bétonnés et espaces naturels. Si bien qu'on assiste à une parcellisation un mitage des espaces naturels. Alors que l'on nous annonce la forêt en croissance (+9% en France je crois), la superficie moyenne des bois me semble se réduire et la pénétration des infrastructures humaines (chemins, mobiliers, ...) dans ces milieux augmenter ...
La démographie humaine augmente et se propage dans les campagnes.

Deux dangers nous guettent, je présume : l'éparpillement des populations et la menace qui pèse sur la biodiversité.
Sur ce dernier point, je ne peux être que bref. La pression démographique exercée sur nos campagnes met sans nul doute à mal la biodiversité. Il me paraît clair que cette parcellisation des territoires et l'augmentation de la présence humaine dans les espaces naturels (du fait de la promiscuité du béton avec la "campagne") ne peut qu'avoir un impact négatif sur la richesse de la faune et la flore. On va sans doute vers une augmentation des populations de "nuisibles" et d'espèces supportant l'urbanisation. Mais là, l'avis d'un biologiste me serait bien utile.

Maintenant, quel est le danger occasionné par l'éparpillement des populations ? Là encore, je ne me prétends nullement spécialiste de la question. Simplement, la menace que fait peser la déplétion des énergies fossiles doit nous amener à densifier les villes et à en réduire la taille. Pourquoi ? Pour diminuer les frais de transport ! L'avenir n'est sans doute pas à s'éloigner des villes pour bénéficier de l'air pur des campagnes, et à prendre sa voiture tous les matins comme on le voit de plus en plus aujourd'hui. L'avenir est à plus d'autonomie : plus d'autonomie énergétique de nos habitations comme de nos villes !

Selon moi, il est grand temps d'engager de profondes modifications de notre paysage urbain, d'abord parce quil y a urgence, le pic pétrolier n'étant sans doute plus très loin, et ensuite parce que l'urbanisme souffre d'une inertie énorme (au moins 30 ans) et qu'il faut donc planifier à l'avance.


Inculte que je suis, j'ai découvert un livre qui fait référence : "La rurbanisation ou la ville éparpillée", G. Bauer, J.-M. Roux, Paris, Seuil, 1976

Si vous ne savez pas quoi m'offrir ... :)