J'ai assisté, il y a quelques jours, à une conférence à laquelle participait M. Pierre Radanne.
Je l'ai expliqué ici à plusieurs reprises, il y a dans la démarche "écologiste" plusieurs écueils à éviter, dans lesquels certains, pourtant, se ruent sans hésitations :
- l'oracle de mauvaise augure :
Oubliant que l'écologie est d'abord une science, certains n'hésitent pas à jouer les futurologues de pacotilles, accompagnant tout cela d'une bonne dose d'affect et de culpabilisation.
- le prédicateur :
Lui-aussi oublie que la première des certitudes scientifique est le doute. Il n'hésite pas à sermonner l'assistance, l'exhorter à s'inscrire dans la bonne voie, celle des justes. On baigne alors dans une morale toute mormone qui m'effraie.
- le jamais-content :
Lui, non plus, n'est pas si rare. C'est une sorte de schtroumpf grognon qui, en grand fataliste, pense que tout ce qu'on fait est mauvais, inefficace... sans doute parce que lui connait la réponse.
Tous ces portraits désastreux partagent un goût profond pour la science infuse (instantannée comme le café) et un évangélisme moraliste et culpabilisateur.
Je comprend sans difficulté que l'on puisse mêler l'affect à un militantisme écologiste mais je m'inquiète de devoir partager avec ces trois personnages une image commune de l'écolo.
Pour ma part, je n'ai pas la solution, je suis juste à même de faire des comparaisons impartiales à l'aulne de mes connaissances et d'en tirer des conclusions, avec toute la partialité des décisions humaines.
Ce graphique met en comparaison l'IDH (indicateur prenant en compte indices de longévité, niveau d'éducation et niveau de vie d'une population) et l'empreinte environnementale (surfaces biologiquement productives de terre et d´eau nécessaires pour produire les biens et services naturels nécessaires à une population ). Il ressort de cette analyse qu'aucun pays (si ce n'est Cuba pour des raisons un peu artificielles comme l'embargo) ne détient la solution.
Je plaide finalement pour une voie du Milieu - mais pas du centre -, hérité de mon expérience des arts internes peut-être : il s'agit de ne pas se crisper sur ses indigentes connaissances, de garder une conscience apaisée et bienveillante sur la situation, en aidant ceux qui nous entoure à avoir envie de futur.
Envie de futur !
Voilà bien ce qui me rapproche de Pierre Radanne, qui s'est acharné à défendre un futur différent mais tout aussi à même de faire naître des rêves et des utopies.
Comme toutes les fins de civilisations, la fin le notre ère d'expansion industrielle ne se fera pas sans crise. Et celle que l'on vit actuellement n'est peut-être pas, malheureusement, la plus dure.
L'effondrement de l'Empire Romain a été accompagné de moult tensions, guerre et effusions de sang.
Pire encore, il a fallu les mille ans d'un moyen âge incompris pour apaiser les peuples.
Suivez le conseil de Pierre Radanne, et relisez, revoyez, "Le nom de la Rose" à la lumière de notre nouvelle époque de crise.
Comme les moines, on s'accroche à notre ère industrielle, de peur que sa disparition n'annonce le règne du Diable sur terre. Pourtant, la période qui a suivi n'a pas vu l'ombre d'une corne, la Renaissance s'est montrée prodigue en avancées sur tous les fronts.
Nous vivons une époque semblable, nous sommes face à un précipice identique, qu'il faudra sauter, c'est fatal, avec plus ou moins de réussites mais sans que le bord opposé ne s'annonce à l'avance moins accueillant que celui que l'on quitte.
Le bord opposé, le brouillard est ténu mais on ne le voit pas entièrement. Rien ne dit que l'herbe est moins verte, au contraire.
On n'encouragera personne à sauter le pas par des séances mortifiantes d'auto-flagellation.
On se doit d'ouvrir les yeux sur ce qui n'est pas des erreurs de fonctionnement (parce qu'il n'y a pas une Vérité unique) mais bien des anomalies de fonctionnement, au sens de pratiques qui mettent en danger l'humanité dans son écosystème.
Parce que trêve de plaisanterie, nous sommes mariés à notre planète, quoiqu'en disent les scientistes de tout bord.
Une fois le constat posé, il ne s'agit pas de se noyer dans des critiques et des sermons sans fin, il s'agit d'avancer, de rêver et de faire rêver ce futur inconnu.
Si notre terre est finie, elle recèle un potentiel d'infini indubitable comme les innombrables variations d'un même pas de danse.
Le flocon de Von Koch, ou comment une surface finie peut-être encerclée par un périmètre infinie !
Et ça, c'est un motif et un médium pour rêver au-delà de notre société de consommation qui vampirise sa planète en suçant pétrole et ressources naturelle. Au risque que l'hémorragie ne nous soit fatale...
Si on veut éviter le règne des mouches, accrochons une étoile à notre charrue commune.